Tokyo Tropical

Au Palais de Tokyo, jusqu’au 27 Août.

Est-ce une exposition sur la jungle ? Est-ce écolo ? politiquement correct ? Est-ce une exploration, un parcours de découverte, initiatique ? Franchement, j’y suis déjà allé trois fois et je n’en sais rien.

Hpim0593_1 Au début, un jardin d’enfants avec crocodiles, perroquets et bruits amazoniens (Sergio Vega) ; oui, mais encore ? Plus drôle, le petit train qui rentre périodiquement dans un tunnel, à la Cary Grant (ci-contre).

Aussi une grande fresque murale (Steiner et Letzlinger) informe, froide et pas vraiment du genre exotique exubérant. Les plantes hors-terre de Henrik Hakansson évoquent mieux la jungle et la moiteur tropicale, mais on peine à y trouver du sens autre que décoratif ("univers singulier entre approche scientifique, romantisme et investigation hybride" ??)

La vidéo et l’installation de Allora et Calzadilla dénoncent l’occupation d’une île au large de Porto Rico par une base américaine : la carte de l’île au sol en mosaïque est fascinante comme toutes les cartes, elle se délite de jour en jour, détruite par nos pas comme l’île l’a été par les bombes de l’armée. Beau concept, que complète la vidéo d’un activiste anti-américain sillonnant l’île à mobylette, une trompette sur son pot d’échappement : on se croirait revenu aux beaux jours de Mouna…

Zoo La plus belle pièce n’est tropicale que par l’origine des animaux du zoo : une belle jeune femme froide, très hitchcockienne, visite un zoo, seule, prenant des photos; peu à peu l’angoisse s’installe. Les animaux vont-ils s’échapper ? Un psychopathe va-t-il l’agresser ? La terre va-t-elle s’ouvrir sous ses pas ? Non, ce sont ses rêves qui l’envahissent, ceux de splendides rugbymen aquatiques presque nus qui dansent un ballet sous-marin derrière ses paupières closes; c’est de l’inconscient que vient la transgression. Angoisse, sexualité réprimée, cette vidéo, Zoo, de la jeune finlandaise Salla Tykkä vaut à elle seule la visite. A la fin, tendue, effrayée, elle s’enfuit et se jette à l’eau, échappant au danger, nageant vers ses rêves. Paradis tropical ?

 

6 réflexions sur “Tokyo Tropical

  1. Salla Tykkà est-elle abonnée à l’Agenda de l’équipe Française de Rugby ? Paris me semble se réveiller, vive l’Art Contemporain qui décoiffe, Madame Liliane de Bettancourt devrait sponsoriser les artistes les moins conventionnels.

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  2. Parmi les mécénes permanents: Boss et Audi, du groupe VW-Porsche, donc aucune grande entreprise Française. On croit rêver, mais on ne rêve pas. N’importe quelle Kunsthalle en Suisse ou en Allemagne, est sponsorisée par les ^stars locales du privée. Il y quelqu’un qui fait mal, ou pas son travail.

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  3. A vrai dire, on s’est arrêté devant samedi mais vu la présentation je me suis longuement demandé si ce n’était pas un peu une expo « foutage de gueule » ou pipo…, il semblerait que non mais j’ai quand même encore quelques doutes…

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  4. Décidément ! Quand je suis à Paris, tu chroniques les expos de Lyon, et quand je suis en vacances ailleurs dans des contrées plates et fritières, tu chroniques les expos de Paris ….

    Décidément !

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  5. Gabriel dit :

    ->Erwann :
    « je me suis longuement demandé si ce n’était pas un peu une expo « foutage de gueule » ou pipo… »

    A vrai dire la question reste posée.

    Bon alors, par où commencer….

    Sergio Vega et son jardin. Le petit train. Bon à part ce petit son fort désagréable, qu’en dire ? … euh… pas grand chose.
    On déambule gentiment en se demandant. Oui ? Bon… super. A part ça ?
    Un moustique géant en plastique qui pique une photo de fesse. Oui ? « Foutage de gueule » disait Erwann. Pas faux.

    On continue. Un bruit en fond. On se remémore la Maison Rouge et cette expo de vidéos ce printemps mentionné dans un billet sur ce site. Ah oui, la vidéo de la trompette que Lunettes Rouges lui même décrivait ainsi : « ouais bon ça bof » (pas de trace écrite de cette déclaration mais j’ai un témoin).
    On se rend compte que tout l’espace à venir est consacré a la même thématique (Porto Rico, USA, etc.). Circonspection. Mal venue cette fois. Le sol, ludique découpage de plastique reprenant les lignes topographiques d’une carte IGN, donne une impression de relief au sol. Perte de sens, vous vous attendez à rencontrer un creux ou une bosse. Et non c’est tout plat. Amusant. (Land Mark)

    Au mur des photos d’empreintes sur le sable. Les artistes ont créé des semelles qui laissent des messages sur le sable. « Il est grand l’empire que nous défions mais plus grand que cet empire est notre droit à la liberté » (en espagnol sur la photo). Des messages forts, des pas qui se coupent, se rejoignent, se rencontrent. Des messages éphémères. (je ne vous fais pas l’affront de vous expliquer le contexte politique portoricain, vous pouvez lire ça dans le post de LR). Land Mark – Foot prints (Cadeau? J’ai rien fait pour le mériter? Oui et alors ?).

    Au fond cette vidéo pénible (j’assume) que LR trouvait « bof » au printemps et « intéressante » en été (bref).

    La jungle d’Hakansson et l’arbre renversé sont sympas. Mais surtout au delà de l’aspect « décoratif » (©LR) ils sont surprenants. Et agréables. (oui, je sais, l’art ne se doit pas d’être agréable). Mais pour une vidéo en infra rouge d’une grenouille qui gonfle sa gorge assise sur un cactus. La vidéo doit durer moins d’une minute, elle est répétée inlassablement et accompagnée d’une bande son pénible. Le tout accompagné d’un cartel (sur l’artiste et pas juste sur l’œuvre) typiquement Maison Rouge. C’est à dire pénible, snob et vraiment intello-jargonesque. (« Beaucoup préfèrent en effet aujourd’hui employer tout un tas de mots ou d’expressions abstraites, « virtuelles », qui agissent comme un aplat obscur sur l’objet qu’ils sont censés définir. Plus moyen, par exemple, de croiser un quelconque papier critique, sans lire qu’un artiste « questionne notre vision du monde », « questionne notre rapport au réel », ou pire qu’il « interroge notre quotidien », qu’il « déplace nos certitudes sur telle ou telle chose. » lisait-on sur ce blog le 28 juin )…

    Finissons néanmoins sur cette vidéo de Salla Tykkä. Non franchement, LR, tu as aimé ? Franchement, tu y as trouvé le moindre intérêt ? Non parce que bon quand même hein. Y’a rien là. Ou alors je suis bête et j’ai rien vu. Bon, on prend un bout d’Hitchcock, on rajoute un « ballet » de baigneurs. Et hop, le tour est joué. J’ai l’impression d’entendre l’artiste ricaner en regardant les badauds s’extasier sur son canular.

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