Tunisie : art contre intégrisme

Sobhana Allah

J’étais il y a un mois à Tunis, pour voir l’exposition Chkoun Ahna et je ressentais l’inquiétude ambiante face au salafisme. A la fin de mon billet, je parlais d’une manifestation à venir, le Printemps des Arts à La Marsa (le site est fermé). Cette exposition a été saccagée il y a deux jours par des salafistes venus protester contre certaines oeuvres d’art, femmes nues ou atteintes à l’Islam. En voici une (désolé je n’ai pas le nom de l’artiste) de Mohamed Ben Slama,  Sobhana Allah : des fourmis s’échappent du sac à dos d’un jeune garçon et forment le nom de Dieu au mur.

Printemps des arts vue d'expo

Nous pouvons ici nous indigner parce que le lustre en tampons de Joana Vasconcelos est interdit à Versailles, parce que le duo puritain Delanoë-Girard refuse l’entrée de l’exposition Larry Clark aux mineurs ou que Piss Christ est vandalisé par des intégristes catholiques, mais nous risquons rarement notre vie, ni même notre intégrité physique. Ce n’est pas le cas aujourd’hui en Tunisie où des artistes sont agressés et menacés de mort. Comme l’écrit un commentateur : « Ça ne vous rappelle rien? Attaques salafistes contre les syndicats, contre des médias, contre l’université de la Manouba, maintenant contre l’art dégénéré… Cela ne vous rappelle rien? La montée des fascistes en Italie dans les années 20 et des nazis dans les années 30. A quand la Nuit de Cristal à Tunis ? » Et cela résonne aussi étrangement avec ce que j’écrivais il y a quelques heures à propos d’Abdessemed.

Cet évènement a ensuite déclenché des violences dans tout le pays : l’art comme révélateur des tensions, comme déclencheur des affrontements. Paradoxalement, on pourrait presque se réjouir : il est toujours étonnant et, je dois dire, revigorant, que ce soit l’art qui questionne et qui dérange. Manifestez votre solidarité !

16 réflexions sur “Tunisie : art contre intégrisme

  1. une femme dit :

    sur Nous pouvons ici nous indigner parce que le lustre en tampon de Joana Vasconcelos est interdit à Versailles,
    si c’est la pièce que je connais , depuis longtemps (!) votre réserve en adjectif avec le singulier à « tampon » est -elle une transgression des conseils des ateliers d’écriture?
    réalisé à l’aide de 25 000 tampons hygiéniques

    [une femme, vous avez raison, je ne connais rien à ces choses-là]

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  2. riadh dit :

    les violences qui ont lieu en tunisie actuellement n ont rien a voir avec cette exposition,
    ça sent la manipulation à plein nez,
    des gens donne de l’argent et manupulent de jeunes chomeurs violent et les utilisent pour déstabiliser notre pays et nuire au rebond économique.
    tout est flous, mais cette expo n a pas choqué ce qui l on vue, et cux qui ne l ont pas vu se sont fait manipulé avec de fausses foto et de fausses infos en plus..

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  3. Commentaire reçu de quelqu’un qui, pour sa sécurité, souhaite rester anonyme : « cette œuvre en particulier a été interprétée par les salafistes comme si le jeune garçon piétinait le Coran (le socle sur lequel est posée la statuette) et que le texte l’étranglait, « au nom de Dieu ».
    Une autre œuvre du français Henri Ducoli « Divines Créatures » a été lacérée, ainsi que l’installation « le ring » de la photographe Faten Gaddes qui a été incendiée sur place. Cette installation repésente un ring de boxe, avec le visage de l’artiste sur les 4 punching ball. Ses cheveux enroulés autour de sa tête comme si c’était un voile, et tour à tour, une phrase, je suis tunisienne, je suis chrétienne, je suis juive, je suis musulmane.

    Ces actes sont d’une violence extrême, la tension est à son comble. Des listes d’artistes ont été diffusées sur Facebook avec des menaces de mort. Ce matin, une manifestation est prévue devant le ministère de la culture. C’est une situation très difficile, mais beaucoup plus complexe qu’une simple guerre artiste contre salafistes. »

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  4. al07 dit :

    La « troïka » au pouvoir parle « d’atteinte au sacré »……Rappelons qu’en 2001,le mollah
    Omar par décret et au nom de cette même « atteinte au sacré »,à fait détruite les Bouddhas de Bâmiyân : « Ces statues ont été utilisées auparavant comme des idoles et des divinités par les incroyants qui leur rendaient un culte.
    Aujourd’hui, ces statues sont respectées et peuvent redevenir des idoles dans l’avenir alors que seul Dieu, le tout puissant, doit être vénéré et toutes les fausses divinités doivent être annihilées. »
    Au nom de cette même « atteinte au sacré »,le Musée du Bardo à Tunis sera fermé
    et les œuvres qu’il contient détruites ??

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  5. C’est le meme scénario qui c’est passé en Algérie dans les années 90, lorque les integristes avaient le vent en poupe ,et finalement l’Etat a petit à petit redréssé la barre.Et les choses sont rentrées (un peu)dans l’ordre,on a trouvé une sorte d’équilibre.
    Je reviens d’une rencontre internationale d’Art à Mostaganem,qui se déroule chaque année lors de la journée de l’Artiste ;ou il y eu une ambiance extra ,avec des artistes venus de pays divers,avec des expos,des workshops,des débats,avec les étudiants, etc..
    C’est au pouvoir en Tunisie de faire preuve de fermeté devant ces fanatiques,qui au fond ne sont pas la majorité des Musulmans!!

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  6. e2l dit :

    Au forum « Reenchanter le Monde » qui se tenait a Fez pendant le festival de musiques sacrées, lors du débat consacré au Printemps Arabe, il fut bien souligné que si le salafisme est intrinsèque à l’Islam (« nous sommes tous des salafistes, » dit un intervenant), c’est la progression du wahhabisme (d’origine saoudienne) qui devrait nous inquiéter aujourd’hui.

    [Samir Amghar (EHESS) distingue dans son étude les salafistes piétistes partisans d’un retour à une interprétation littérale du Coran (95% des salafistes, dont les Saoudiens wahabistes, et votre interlocuteur), les salafistes politiques (les Tunisiens) et les salafistes révolutionnaires djihadistes (AQMI)]

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  7. Charlotte dit :

    L’art est bien ici le triste révélateur : terrorisme sur l’esprit et recours à la lettre jusqu’à l’absurde dans ses formes les plus archaïques, pour punir, jusqu’à la mort. Je pleure pour mes amies tunisiennes, que j’ai connues libres et enjouées, parce que leur liberté de penser et de vivre la tête haute et découverte est immédiatement menacée. Et ce qu’on essaie de faire de la Tunisie que j’ai tant chérie, ce bassin de cultures heureusement entrelacées, me désespère. Que sont devenus l’espoir et la diginité du « printemps arabe », étouffés dans le pire radicalisme musulman ?

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  8. wael dit :

    L’Europe destabilisée économiquement…et on sait d’où cela vient…l’Afrique du nord complètement délaissée par son environment naturel (l’Europe et non le moyen orient ou les pays arabes..) cela sent trés mauvais et les tunisiens devraient réagir et prendre elur destin en main,leur priorité devrait etre de se débarrasser de ghanouchi et ses comparses remis sur la scene par des gens qui ont leur propre calcul ne prenant en compte aucune des aspirations réelles de stunisiens…sansd la solidarité internationale et particulierement européenne la tunisie ne s’en sortira jamais et souvenons nous hitler avait bien été le produit d’une certaine démocratie…à son avénement aussi des cris « mort aux juifs » avaient été publiquement lancés..comme un écho lugubre cela s’est produit aussi en tunise …et personne n’avait réagit..serait le prémisce d’un renouvellemnt de l’histoire..? en ce qu’elle a de plus lugubre..? L’espoir permet de survivre..alors espérons…

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  9. karim dit :

    Voilà le genre de commentaire superficiel, simpliste et révélateur d’une profonde ignorance du monde arabo-musulman. Ce que vous appelez « art » n’a aucune valeur artistique de l’avis même d’illustres artistes dont des français mon cher. Cette exposition pue la manipulation à plein nez et ces pseudo-artistes quasi inconnus en Tunisie sont à la solde de puissances étrangères dénuées de toute bonne volonté.
    Je suis tunisien, je suis contre tous ces malfaiteurs se réclamant du salafisme qu’ils ignorent et polluent par leurs ignobles agissements. Mais je suis aussi contre ces absurdités publiées par les « intellectuels » de l’occident assis bien au chaud devant leurs écrans et écrivant tout ce qui leur passe par la « petite » cervelle.

    [ah oui, à la solde de puissances étrangères, bien sûr…]

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  10. karim dit :

    Rigolez monsieur, rigolez. Le baton se retournera tot ou tard de votre coté. Le souvenir des « leaders islamistes » réfugiés dans le « monde libre » est déjà oublié huh. Jouissez de votre amnésie…

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  11. La photo du tableau est en 3D, ce qui n’est pas le cas du tableau réel qui est en 2D. EN 2D il s’agit bien d’un enfant pendu par le nom d’allah (message transmis???) quant à la liberté, elle implique aussi responsabilité. attaquer les croyances de 11 millions de tunisiens dans un pays instable et en révolution, n’indique aucune responsabilité car même un petit enfant vous aurait dit ce qui allait se passer. est ce que cet art vaut le sang du tunisien tué et les milliards de dégâts ainsi que le traumatisme infligé au peuple tunisien?? ce que je crois c’est que ce fait divers a été manipulé pour brûler le pays et aider au retour du RCD et ses acolytes au pouvoir en faisant tomber le gouvernement.

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  12. vidi dit :

    « ENTI ESSOUT », une chanson créée et enregistrée à l’initiative du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD, par un collectif d’artistes talentueux et volontaire qui s’est formé dans le cadre de son projet d’Appui au Processus Electoral en Tunisie. Le but de cette chanson est d’inviter les jeunes à se mobiliser pour leur avenir et s’impliquer pour la Tunisie de demain. Ou tout simplement les SENSIBILISER !

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