van Gogh et l’indépendance du dessin

Vincent van Gogh, Vieillard buvant du café, novembre 1882, 49x28.3cm

Vincent van Gogh, Vieillard buvant du café, novembre 1882, 49×28.3cm

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L’exposition de dessins de van Gogh à la Fondation van Gogh à Arles (vue entre deux expositions de photographies; jusqu’au 20 septembre) met l’accent sur un aspect moins connu du peintre et, en particulier, sur ses premières années d’apprentissage du dessin. Plutôt qu’une éducation artistique du nu académique, il collectionne les reproductions, découpe des gravures dans les journaux et se crée des albums de référence. Ainsi, ci-dessous, cette gravure de William Small, Brouillard de novembre à Londres, où le rendu du brouillard, de la fumée des torches et du souffle des chevaux créent une sorte de réalité flottante et ambigüe, et on peut l’imaginer fasciné par les lignes courbes et floues de ce dessin (comme il le fut aussi par les estampes et dessins japonais).

William Small, Brouillard de novembre à Londres, 1877, gravure sur bois, 22.4x30.2cm, publiée dans The Graphic Portfolio

William Small, Brouillard de novembre à Londres, 1877, gravure sur bois, 22.4×30.2cm, publiée dans The Graphic Portfolio

Le plus étonnant ici est sans doute la force de ses pièces les plus anciennes, dessins très sombres de mendiants et de paysans, de gens du peuple vers lesquels il va, de corps au travail ou au repos. Un des plus accomplis est sans doute (en haut) ce vieillard buvant du café à La Haye (1882) qu’on retrouvera un peu plus loin, lisant ou nous fixant dans son manteau miteux : l’obliquité (prémonitoire ?) de la chaise, la force des chaussures, la prise des doigts gourds et grossiers sur la tasse en font un dessin particulièrement frappant.

Vincent van Gogh, Le jardin de l'hôpital, Arles, mai 1899, 46.6x59.9cm

Vincent van Gogh, Le jardin de l’hôpital, Arles, mai 1899, 46.6×59.9cm

Que, par la suite, ces dessins soient plus fréquemment liés à des tableaux, esquisses ou, au contraire, œuvres « dérivées » a posteriori, que van Gogh se soit longtemps méfié de la couleur « dérangeante » dit-il pour se concentrer sur le dessin, que ses dessins arlésiens comme celui-ci du jardin de l’hôpital, apportent le même tumulte que ses tableaux tourmentés, l’exposition le montre amplement.

Vincent van Gogh, Portrait du Docteur Gachet, Auvers-sur-Oise, 15 juin 1890, eau-forte, 18x15cm

Vincent van Gogh, Portrait du Docteur Gachet, Auvers-sur-Oise, 15 juin 1890, eau-forte, 18x15cm

Enfin c’est l’occasion de voir sa seule eau-forte, faite par hasard le 15 juin 1880 quand il passe chez le Docteur Gachet et que celui-ci lui donne une plaque sur laquelle van Gogh dessin aussitôt le portrait de son hôte.

A côté, les expositions de Roni Horn (mais que font donc là ses cylindres de verre, aux antithèses du dessin ?) et de la japonaise Tabaimo font pâle figure. Très beau catalogue chez Actes Sud, qui publient aussi le catalogue d’une exposition confrontant van Gogh et Munch, pas encore vue.

2 réflexions sur “van Gogh et l’indépendance du dessin

  1. Les cylindres de verre de Roni Horn sont certes sans rapport avec le dessin de Vincent… Mais sont-ils sans rapport avec sa recherche de la lumière et de la couleur ? Ne peut-on voir un écho entre le voyage vers le sud à la recherche de la lumière du Japon de l’un et la fascination pour la géologie et à l’eau glacée de l’Islande de l’autre…
    Quant à ces « Cut up », il me semble que l’on peut les rapprocher avec les dessins à la plume de roseau de Van Gogh et y voir une relation avec la force de son trait et la vibration de ses couleurs…
    J’ai personnellement apprécié le travail de Roni Horn et j’ai perçu cette expo comme un contrepoint intéressant aux dessins du peintre hollandais (http://wp.me/p1Wuym-2Lo).

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