A la Neue Nationalgalerie de Berlin, jusqu’au 22 janvier.
Ce Musée (à ne pas confondre avec l’Alte Nationalgalerie, dans l’île des musées) est un bâtiment de Mies van der Rohe, près de l’ancienne ligne de démarcation. Outre une exposition Picasso, il présente cette exposition sur Jörg Immendorf dans une étonnante scénographie, comme un coeur rouge: cheminement au sol , des artères qui l’irriguent, qui vous amènent à des ventricules, petites salles d’exposition; vous pouvez grimper sur le toit de ces pavillons et avoir une vue plongeante sur l’expo, les oeuvres, les visiteurs. L’exposition a pour titre "Male Lago, Unsichtbarer Beitrag" (Peins Lago, contribution invisible). Lago est le nom d’une petite ville du Far West que Clint Eastwood, justicier solitaire, fait repeindre en rouge par ses habitants (et rebaptise Hell) en punition du crime qu’ils ont commis (dans L’Homme des Hautes Plaines).
Immendorf, né en 1945, est un peintre d’histoire, engagé dans le monde contemporain, dans les péripéties de l’histoire allemande. Ses tableaux, de manière plus ou moins explicite, font référence au présent, aux courants qui agitent notre monde. Mais c’est avant tout un peintre, un des grands acteurs de la réhabilitation de la peinture dans l’art contemporain. Un de ses premiers tableaux (1966) s’intitule "Hört auf zu malen", Cessez de peindre, l’injonction de son maître Josef Beuys, qu’il barre d’un trait brun. Ci-dessus, Je vous salue Marie, où Hitler est crucifié pendant qu’un Lucifer / Neptune / Beuys agite de sa fourche / trident la marmite de l’enfer.
Immendorf est aussi, ce que j’ignorais, un sculpteur et l’exposition est parsemée de petits singes accomplissant des actes quotidiens, créatifs ou banals. La série s’appelle La Descendance du Peintre.
Ci-dessous, deux tableaux de la série Café Deutschland, l’un où Immendorf prend un verre avec Marcel Duchamp, ( Ready-made de l’Histoire. Vater von Morgana/ Avec Marcel dans Café de Flore) affirmation ironique de sa place dans l’histoire de l’art, et l’autre, intitulé La Frontière, sujet clé de l’identité allemande pendant trente ans.