Ce qui est tout à fait fascinant, dans cette excellente exposition au Jeu de Paume (jusqu’au 21 janvier), c’est de découvrir, chez un photographe dont on s’attendrait qu’il reproduise fidèlement la réalité qu’il a devant lui, une capacité extraordinaire à lire des formes, à dégager des structures, des motifs, à superposer sur le réel une grille mathématique et poétique, rythmique et répétitive. Bien sûr, l’exposition ne néglige pas le côté documentaire et humaniste de Renger-Patzsch, ses témoignages sur les îles de la Frise, sur les villes hanséatiques, sur la ruralité, mais ce qui frappe le plus ici, c’est sa capacité à manier les formes les plus abstraites de manière poétique.
Ses photos de plantes sont objectives, bien réelles, documentaires, et en même temps elles offrent une structure formelle qui en fait des mini-sculptures en deux dimensions, des courbes d’équations à la Poincaré, des fausses abstractions faisant émerger du réel des formes insoupçonnées, structurées et poétiques.
Mais c’est tout aussi vrai de ses photographies de vagues, formes dynamiques et éphémères au mouvement suspendu, c’est vrai de la scansion verticale des arbres et des roseaux, c’est vrai des pierres et des plissements géologiques.
Et avec les objets industriels, Renger-Patzsch peut s’en donner à cœur joie : la répétition des formes est dès lors un signe manufacturier, et il peut aligner couteaux, truelles ou verres, fers à repasser ou embauchoirs, sans se soucier du réalisme mais en faisant émerger des rythmes poétiques irrésistibles dans une chorégraphie visuelle à nulle autre pareille.
Photos 3 & 4 courtesy du Jeu de Paume, photo 2 de l’auteur
Merci Marc ,de nous montrer que dans les années 20 il y avait déjà,des artistes qui pensaient contemporain avant l’heure!!
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